Rédemption : devenir un meilleur soi.
- juliensabi93
- 15 nov.
- 5 min de lecture
La culpabilité est un des fardeaux les plus lourds et les plus contraignants que nous puissions porter. Les regrets, les remords, ces mots qui ont blessé, d'autres que nous n'avons pas dit, ces périodes de notre vie où nous étions devenus méconnaissables, et, dans certains cas, des actions aux conséquences irréversibles, qui nous rongent un peu plus chaque jour. Quelque soit la nature de la faute, et donc de la culpabilité qui en découle, faire la paix avec cette part de nous-même n'est point chose aisée. Aucune école ne nous l'enseigne. Alors comment aller de l'avant et s'alléger enfin de cette charge qui nous épuise ? C'est ce dont nous allons traiter dans cet article.
CE QUE JE FAIS N'EST PAS CE QUE JE SUIS.
Le premier élément à bien comprendre est l'idée que l'action commise, aussi regrettable soit-elle, n'est pas forcément le reflet de ce que nous sommes intrinsèquement. Il ne s'agit pas de tout excuser et encore moins d'accepter l'inacceptable, chaque mauvaise action se doit d'être sanctionnée et réparée, mais cette notion est trop souvent omise, notamment pour les personnes ayant commis la faute elles-mêmes, alors qu'elle est essentielle dans le processus de réparation et donc de guérison. La personne dont la nature profonde semble la plus bienveillante, la plus tendre et la plus chaleureuse, si elle se voit régulièrement confrontée à de la violence verbale et/ou physique, si elle se fait molester, méprisée, insultée, rejetée, et que son environnement est hostile et sans échappatoire véritable ; arrivé à un certain stade, elle se montrera plus renfermée, plus méfiante, plus colérique, plus impulsive, et, selon sa trajectoire, ses rencontres et son histoire, peut devenir elle-même violente et potentiellement dangereuse. Elle va donc agir d'une façon répréhensible, va causer des traumatismes, pourtant sa nature n'est en rien mauvaise. C'est sa trajectoire de vie et certaines qualités innées, potentiellement la capacité de résilience, la volonté, la détermination et l'accès à des relations positives et bienveillantes, qui vont lui permettre de changer de voie.
Trop de gens jugent uniquement la conséquence sans se soucier de la cause, collent des étiquettes sur le front d'enfants, d'adolescents ou de jeunes adultes à la dérive ou au comportement violent, sans jamais se demander ce qui a bien pu se produire pour en arriver à ce résultat. Encore une fois, l'acte doit être condamné, et c'est une bonne chose si la personne qui l'a commis ressent de la culpabilité, car en ce sens, elle prend conscience de ses agissements, assume ses responsabilités, et sera potentiellement en mesure de travailler sur elle-même dans une optique de guérison et de paix.
Mais ne jamais oublier que l'erreur, la faute que vous avez commise ne représente pas l'être que vous incarnez.
UN LONG CHEMIN SOLITAIRE
Pour entamer un travail de rédemption de façon optimale, il faut d'abord le vouloir de façon totale et absolue, tenir une profonde détermination, parce que le chemin est long et parfois périlleux. Commencer par verbaliser, auprès d'un professionnel ou d'une personne de confiance, afin de mettre des mots sur les souffrances enfouies qui provoquent des agissements négatifs. Si ce qui vous anime est la colère, exprimez-la. Parlez, hurlez, pleurer si vous en ressentez l'envie et le besoin. L'injustice, la douleur, la déception, le sentiment d'abandon, l'angoisse, sans oublier le trauma ; lorsque toutes ces charges que portez en vous depuis des années parviennent enfin à quitter votre corps et votre mental, malgré la tempête qui fera rage à l'instant T, ce qui suivra prendra la forme d'une délivrance. A partir de là, le travail peut véritablement commencer.
Tous les jours ou presque, penser à se dire, au moins une fois, des choses gentilles, bienveillantes. Se récompenser d'une bonne action, même bénin, se féliciter d'avoir surmonté une épreuve, d'avoir réussi quelque chose durant sa journée, d'avoir agi de manière positive. Cela peut sembler désuet, de prime abord, mais sur la durée, vous en verrez les effets. Vous aurez une meilleure estime de vous-même, prendrez davantage soin de vous, n'accepterez plus aucune injustice, et les autres, autour de vous, remarqueront des changements, leur regard sur vous évoluera et vous commencerez à vous révéler.
Face au poids de la culpabilité, verbaliser, là encore, est primordial, et demander pardon aux êtres à qui nous avons fait du mal est un excellent moyen de se libérer. Cela demande du courage, mais le résultat est extrêmement bénéfique. Le pardon possède des vertus que beaucoup ignorent. Pardonner et être pardonné, c'est probablement l'acte d'amour, au sens large du terme, le plus puissant qui soit.
Ensuite, il faut que la demande de pardon s'accompagne d'actes allant en ce sens. Si vous reproduisez les mêmes erreurs, les mêmes méfaits, alors vos excuses et vos pardons n'auront plus la moindre valeur. Agissez, jour après jour, pour devenir une meilleure personne. Il ne s'agit pas de devenir un saint, vous avez le droit de ne pas être tous les jours heureux, ni contents, de ressentir parfois l'envie de tout casser face à l'absurdité et la cruauté sévissant autour de vous ; vous avez le droit de ressentir des choses négatives, de les exprimer, mais soyez, au moins auprès des gens que vous aimez, qui tiennent à vous, et qui sont importants pour vous, la meilleure personne que vous puissiez devenir. C'est cet amour que vous vous porterez mutuellement qui sera votre moteur, alors prenez-en soin.
Enfin, lorsque vous entamerez ce long parcours, apprenez à ne plus regarder derrière vous. Le passé, c'est le passé. Il existe, il fait partie de vous, de votre histoire, mais gardez l'oeil fixé vers l'horizon. Ce qui importe, désormais, c'est ce que vous faites aujourd'hui, maintenant, et ce que vous deviendrez demain. Apprendre à vivre au jour le jour, un pas après l'autre, en laissant votre ombre du passé au placard. C'est probablement la phase la plus difficile mais elle s'avère essentielle.
UN HOMME NOUVEAU/ UNE FEMME NOUVELLE.
A moins d'être devenu un monstre infâme et inhumain, tout le monde mérite d'obtenir une seconde chance. L'erreur fait partie de nous, une faute peut se réparer, et un lourd passif n'est pas synonyme de condamnation au malheur et à la déchéance. Ce qui compte, c'est de prendre conscience, de vouloir véritablement un changement, puis d'agir en ce sens. C'est un combat dans lequel on risque de chuter, de prendre des coups, de douter. Mais lorsque l'on se relève à chaque fois et que l'on affronte notre Mal jusqu'au bout, alors commence une nouvelle vie. Une vie où l'on est enfin maître de soi, où l'on possède la liberté de choisir ce que nous voulons et ce que nous ne voulons plus désormais, et où les jours s'écoulent sans qu'aucun poids, aucune lourdeur ne vienne nous épuiser. C'est tout le mal que je vous souhaite.



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