Fin imminente de l'accès gratuit au porno : une excellente nouvelle.
- juliensabi93
- 16 août
- 6 min de lecture
J'ai appris très récemment, via la lecture d'articles divers, que de nombreux pays, dont la France, avaient appliqué une loi obligeant les sites proposant du contenu pornographique gratuit à instaurer une vérification d'âge, allant d'une photo du visage à des données personnelles comme la carte de crédit, notamment. Cela étant perçu comme un outrage, une forme d'humiliation ainsi qu'un risque concernant la vie privée et les données personnelles en ligne ; une (petite) vague de protestation semble s'opérer dans le petit monde du porno et de leurs milliards de consommateurs à travers le monde. Cette initiative est défendue comme une volonté de protection des mineurs, argument jugé fallacieux par les portes-paroles des sites concernés.
De mon point de vue d'ancien addict (à l'alcool, à la violence mais aussi au sexe et notamment à la pornographie), je ne peux m'empêcher de percevoir à travers cette démarche une excellente occasion de se débarrasser d'un véritable fléau qui aura contribué, parmi d'autres facteurs, à pervertir toute une jeunesse, sexualiser à outrance la femme (mais également l'homme), à banaliser la violence dans le sexe et dénaturer le rapport amoureux, tout cela au profit purement mercantile, sous couvert de la libération sexuelle tant vantée depuis mai 68. Maintenant que cela est dit, est-ce qu'imposer la vérification d'âge aux principaux sites suffira à protéger les enfants et jeunes adolescents d'un accès aux images pornographiques ? Quels en seront les effets futurs ? Et si le but est d'éradiquer la perversion et l'hypersexualisation, que faudrait-il faire pour aller au bout de cette démarche ?
LE PORNO, DE STIMULI DE L'INTIME A VERITABLE INDUSTRIE PERVERTIE
Avant internet, la pornographie était un genre cinématographique à part entière, destiné à un public exclusivement adulte, jouant sur la mise en scène de fantasmes majoritairement masculins, certains très communs et d'autres plus tabous, mais toujours dans le souci d'une certaine démarche artistique, proposant des cadres esthétiques, des scénarios un minimum élaborés, où les acteurs étaient en costume et les actrices symbolisaient le désir à l'état brut, de par leur beauté bien sûr, des beautés souvent naturelles, mettant en valeur des courbes avantageuses (loin des mannequins squelettiques imposés par le diktat de la mode), mais aussi des regards qui parlaient, traduisant à la fois les histoires souvent chaotiques auxquelles elles avaient survécu, la réalité du milieu des métiers du sexe peu reluisants dont elles étaient l'objet, mais aussi d'un certain plaisir à jouer du pouvoir qu'elles tenaient sur les hommes. Les films, sous la forme de cassettes VHS, se distribuaient sous le manteau, avant d'être davantage diffusés à des heures tardives sur certaines chaines de télévision et mis en avant par des magazines spécialisés, tout en trouvant un véritable terrain de chasse dans les sex-shops et cinémas érotiques. La pornographie était déjà un univers sombre, où la drogue et les excès en tous genres prospéraient, où les actrices étaient majoritairement des victimes d'abus et/ou de viols devenues nymphomanes, ce qui est plus fréquent qu'on ne le pense, ou bien, dans les cas des femmes issues des pays d'Europe de l'Est, subissaient de plein fouet les difficultés économiques de leur pays natal et se tournaient vers les métiers du sexe, et notamment le porno, comme un moyen d'élévation sociale ; cela au prix de leur véritable liberté, celle d'être autre chose que des objets sexualisés et des corps que l'on marchande. Le milieu était glauque, mais le contenu se montrait relativement intéressant, parfois outil de stimulation dans l'intimité d'un couple, ou tout simplement un moment de plaisir solitaire occasionnel où les fantasmes prenaient vie.
Puis internet a bouleversé le genre, l'a dénué de son cinéma et de ses véritables films pour se diriger vers la vidéo et la scène. La suggestion et l'érotisme ont laissé place à la surenchère. Les hommes aux allures de "monsieur tout le monde" en costume ont été remplacés par des tatoués bodybuildés n'incarnant plus rien ; les beautés naturelles et fragiles des anciennes actrices ont donné le flambeau à des poupées gonflables se servant de la pornographie comme publicité pour leurs réseaux sociaux. Les cadres stylés se sont transformés soit en chambres d'hôtel impersonnelles, soit en villas américaines. Les scénarios mettant en scène les véritables fantasmes ont évolué vers des concepts plus pervers les uns que les autres, ou au contraire une absence totale de scénario, misant sur les pratiques sexuelles les plus crues, les plus trashs afin d'engranger un maximum de vues et donc d'argent. Le milieu n'a rien perdu de ses travers d'antan et s'est, en outre, transformé en usine industrielle, sans âme, sans consistance et profondément immorale. Tout cela accessible en deux clics, tant par des adultes que des enfants. Ne pas y percevoir de problématique relève de l'aveuglement suprême.
METTRE UN TERME A L'HYPERSEXUALISATION, UNE UTOPIE ?
Interdire l'accès aux sites pornographiques gratuits à un public mineur est une noble initiative. Encore faudrait-il aller au bout du processus. Il serait naïf de penser que parce qu'il est impossible de se diriger sur un des sites majeurs du genre suffirait à empêcher tout accès à de la pornographie et plus largement à l'hypersexualisation. Cela revient à croire qu'interdire la prostitution éradique le problème de la marchandisation du corps de la femme, alors que dans l'ombre et le silence, des réseaux mafieux étrangers (ou venant des quartiers sensibles) ont la main mise sur des centaines de jeunes femmes d'Europe de l'Est, maghrébines, sud-américaines, qu'ils exploitent dans des hôtels ou des appartements, en itinérance quotidienne, trouvables en trois clics, là encore. Il en sera de même pour la pornographie. Cette vérification d'âge fera fuir la majeur partie des consommateurs adultes qui se tourneront vers les plateformes payantes et les lieux numériques glauques et sous-terrains, qui eux se soucient encore moins des lois et de la morale. Pour les enfants et adolescents, il sera toujours très aisé de tomber sur des images à caractère pornographique sur internet, avec ou sans cette vérification sur les sites principaux. Concernant le public adulte, ce sera une aubaine pour les plateformes privées et payantes telles que OnlyFans. Les actrices et "créatrices de contenus" continueront d'utiliser les réseaux sociaux classiques pour se promouvoir, à coups de twerk, de danses lubriques, de tenues provocatrices et de mise (très) en avant de leurs atouts plastiques (au sens propre comme au figuré) ; et gagneront des mines d'or sur les plateformes payantes en se filmant ayant un ébat sexuel avec un énième bodybuilder tatoué ou dévoilant l'intimité de leur corps dans des cadres de cartes postales. Les jeunes filles, qui comptent pour modèle des symboles d'hypersexualisation mercantile telles que des "chanteuses" du nom de Cardi B, Dua Lipa, Sabrina Carpenter et de multiples autres dans le genre ; comprendront très vite que malgré le féminisme et le combat porté par leurs ainées pour qu'elles puissent devenir autre chose que des objets sexuels utilisés à but marketing et financier, c'est en montrant leurs fesses et leur poitrine qu'elles obtiendront argent et célébrité sans talent ni effort. Pendant ce temps, pour les jeunes hommes, le conflit interne qui nourrit aujourd'hui la mouvance masculiniste continuera, lorsque des images de femmes dénudées et aguicheuses obnubileront incessamment ses écrans à longueur de journée avant de constater dans son monde réel qu'il sera traité de "chien" s'il ose exprimer une envie, un désir, une pulsion somme toute naturelle qu'il aura bien du mal à assouvir. Certes, le porno gratuit ne fera plus partie du problème, mais celui de l'hypocrisie et de l'hypersexualisation de notre société ne seront qu'à peine bousculés.
En finir avec ces fléaux et les conflits qu'ils provoquent est un pas de plus vers la liberté. Un enfant n'a pas à voir des adultes copuler, et un adulte n'a pas à verser son argent pour que des fitgirls refaites et tatouées, aux regards éteints et aux ongles longs et manucurés, jouissent d'un luxe obtenu par la facilité. Un homme n'a pas à perdre son temps sur des applications de rencontre où les femmes méprisent les hommes en les traitant de chiens tout en affichant leur poitrine ou leur postérieur dans un bikini ou en lingerie dès la première photo de profil. Sortir de ce schéma permet de reprendre le contrôle de ce que l'on est véritablement et de s'affranchir de toutes ces tentations immorales qui visent à faire de l'enfant un être dénué de toute innocence, et l'homme adulte d'un crachoir public qui paie pour cela. La fin du porno gratuit est une bonne chose, mais allons jusqu'au bout. Il serait grand temps de rétablir un ordre moral, des valeurs, un cadre qui permettrait à chacun et chacune de se trouver et s'épanouir sainement. Remettre la sexualité à sa place, c'est-à-dire dans l'intime, et renouer avec la rencontre de deux êtres qui peuvent potentiellement s'apporter et s'aimer. Pour ceux, qui, comme moi, n'ont désormais plus aucun attrait pour la sexualité en temps que tel, renouer avec le dialogue, la rencontre, vis-à-vis du sexe opposé, apporte un état d'esprit paisible, loin des conflits décrits plus haut, et permet de reconnaitre la valeur d'une femme, de l'apprécier pour ce qu'elle est, et d'entretenir une relation agréable et sereine. Mieux vaut s'éloigner du vice avant qu'il ne nous possède et nous consume.



Commentaires